Poésie de Rai Chaze

Avec le vent





Mon ami le vent

danse depuis l'aube

explosent de joie les carillons du jardin

Il tourbillonne dans les plis de ma vie

traverse mon intimité

et les secrets de mes nuits




Avec toi je danserai dans les vents

tu cueilleras ma liberté

ma chaleur, mon amour

Je danserai ma folie



Écoute le vent

chanter les montagnes et les océans

Il murmure les rivières

et la tendresse de tes caresses

effleurement invisible

dans nos cheveux

sur mes seins

et nos cœurs




Le vent me parle de toi

de ton regard,

de tes mots chuchotés

pressés

contre mes lèvres, mon souffle,

de ta main sur ma hanche.

Il a vu ma tête se renverser d'extase



Une fois encore, vivre le vent

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Nua et la mer



poème dédié à ma soeur Nua
partie le 4 Mars 2016




Avant l’aube

Nua se lève

Elle va vers la mer

Sur le sable encore humide de rosée

Elle s’assoit

Respirer la brise

Sentir ses caresses

Regarder la mer

Couleurs vives et intenses

Nouvelles à chaque heure

Bleu sombre, turquoise puis dorée

Magnifiées par le vent

Qui se couche sur les vaguelettes

Le soleil se lève

Cavale dans le ciel

Répand sur le lagon

Milles éclats de jade

Nua se déshabille

se lève, s’étire,

Marche sur le sable

Jusqu’à l’eau

Ses pieds s'enfoncent dans le sable

Puis dans l’eau

Jusqu’aux chevilles

Lorsque la mer est tiède

Lorsque son corps

S’est teinté d’or

Nua entre dans l’eau

Jusqu’au ventre

Jusqu’à la taille

Jusqu’à ses seins

Puis elle plonge

Puis elle flotte

Sur le dos, elle regarde le ciel

Elle offre son corps

A tout l’univers

Son âme

Au Créateur



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Histoire de mort sur Papeete

à mon ami Michel KO


Ils sont à la galerie du Musée de Tahiti

L’expo a pour thème la mort

Il a l’air d’un artiste

avec sa chemise trop grande et fripée

enfilée sur un t-shirt aux longues manches.

Elle, en robe tapa jusqu’aux chevilles

La manche glissant sur l’épaule

Une couronne de fleurs rouges au poignet

et sur les cheveux.

Elle penche la tête sur le côté,

plisse les yeux

comme pour avoir une perspective différente

de ce tableau si abstrait

de l’artiste qui signe KO.

Une œuvre peinte sur du contre-plaqué

avec des monstres de la mort

partout sur la ville de Papeete.

On ne fait plus la différence

entre eux et les humains.

Leurs yeux et leur bouche sont trop grands.

Elle les regarde,

Elle entend les êtres bleus solliciter l’artiste

et soudain elle a peur.

Elle se sent petite, toute petite,

comme la fois où elle roulait en montagne

en jeep de guerre

avec son grand-père

qui conduisait en la portant sur ses épaules

tandis qu’ils longeaient les précipices.

Je veux descendre, criait-elle.

Apprends à ne pas avoir peur, répondait-il.
Si elle glissait de ses épaules

il ne pourrait pas la rattraper, se disait-elle

Elle tomberait tout en bas du précipice.

Mort.


L’artiste a-t-il eu peur de ces monstres bleus ?

A- t’il dessiné sa peur, son cauchemar ?

Les a-t-il rencontrés lorsque, les yeux exorbités par la faim,

il mendiait dans les rues de Papeete

une misérable petite pièce de cent francs,

que personne ne voulait lui donner,

ou, lorsque désespéré, il peignait sur du carton

ramassé au fond des poubelles

juste au-dessous des aliments jetés

par ceux qui mangent sans faim ?




Furent-ils ceux qui envahissent ces nuits

où l’on rêve de poisson à la crème

et de frites ?

Et comme la petite marchande, on craque

la dernière allumette pour fumer

son dernier taho, son dernier joint

Le dernier mégot,

Le dernier rêve

La flamme s’est éteinte, il reste

les êtres bleus aux bouches

et aux yeux trop grands

grimaçant devant sa face.

Mort.


Tu as peur de la mort ?

demande l’artiste à la chemise trop grande

et fripée.

Non, répond-elle en faisant un geste dans l’air

de sa main à la couronne rouge

Mais je préfère ne pas être là

quand elle arrivera.


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Les amants de la mer bleue



La chambre des amants

Dehors la nuit est bleue

Elle sourit à l'amant

Elle se blottit contre lui

Il la serre dans ses bras

Elle se tait, elle ne pleure pas

Elle a froid parce que la nuit est bleue

La douleur de l’amant est terrible

Il parle tout seul

Il ne lui parle pas,

Il parle de sa douleur

Il dit : ‘la mer est si bleue’

La femme caresse le corps de l’amant

Elle pense à la mer bleue

Et elle pleure

Alors l’amant se laisse faire par la femme

Et il chante pour elle

Il chante le chant de la mer bleue


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A l'évier


J'étais à l'évier. Je préparais une salade.
Je sentais son regard,
Il était debout, derrière moi.
Je ne disais rien.
Il s'est approché, puis s'est éloigné en me tournant le dos.
Il s'est arrêté à quelques pas.
« Je sais maintenant pourquoi certaines femmes restent belles », a-t'il dit,
« c'est parce qu'elles sont belles à l'intérieur »

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I do not have any photo

this is nothing but a vision 

or experience

a state

between lucidity

and slumber

Midnight Poetry


she had a moonlit scarf

when she was sad

she'd wrap it around her hips

and dance her way to the stars

Blue or Black and white?




some days are so beautiful


clouds are smiling


but yet


I can't help...


messing up with it



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way up there

where she could see

here and there

the islands

shining

on her beloved moonlit Sea


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Le peùe des amants



la toile est de Miriama Bono


Le peùe des amants

Ils dorment peut-être

On ne sait pas

Ils sont sous le tifaifai

Il fait froid

Lorsqu'ils entrent dans le bonheur d'aimer

Il fait froid

Lorsqu'ils entrent dans la douleur d'aimer

L'amant ferme les yeux

Tout bas il lui dit je le veux

Elle répond je ne veux pas

que ça s'arrête

La lune est sur la natte

dessinée par des nuages affolés

Il la serre dans ses bras

Je veux te serrer contre moi

Tout le temps

Sa tête est contre sa poitrine

Elle entend les battements de son cœur

Maintenant elle sait

La mer est dans le cœur de l'amant




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Sur un thème que j'affectionne particulièrement, la mer, j'ai écrit

ce recueil de poèmes "Les amants et la mer" 

Chaque poème est illustré par un des artistes avec lesquels je travaille: Tehina, Vashee et Hina Voisin 

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Tu es le cœur de mon âme 
Les amants sont sur le lit. 
Au bord de l'océan. 
Peut-être qu'ils s'aiment, 
on ne sait pas. 
On entend la mer. 
Ils sont enlacés 
leurs cœurs serrés l'un contre l’autre 
souffle contre souffle 
lèvres contre lèvres. 
Tu es le cœur de mon âme, 
dit l'amant. 

Je le sens battre 
à l'intérieur de moi. 
Mon cœur ne peut battre 
que blotti contre le tien, 
rythmé à ton cœur, 
dit la femme, 

tu es l'âme de mon coeur. 



Commandez le livre : Sur Amazon

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Poésie de la spirale



A la porte de mon cœur elle chuchota:


Le secret est... 



Ecrivain de la spirale
Au mouvement renouvelé de l’extérieur
Lorsque tu seras à Wendake*
Penses à moi
Ramasses pour moi une feuille d’érable
En vol
Des îles du vent
Aux forêts de l’orignal
Portée par les vents autochtones
Des peuples du Nord
J’ai vu deux fois le soleil se lever
J’ai ouvert la porte de la nuit
Et j’ai entendu le chant de la rivière.
Bercée par son rythme
Je me suis endormie
Couverte de fourrure et de peau de chevreuil
Chaleur douce
Senteurs mâles et fauves
Se mêlaient aux parfums de la forêt.
J’ai ouvert la porte du jour
En bas la rivière courrait entre les pierres
Puis il y avait le ciel immense
Tapissé de forêts d’érables
Rouges et d’or.

Je me suis assise sur la spirale
Et je l’ai laissée m’emporter où elle voulait
A la porte de mon cœur elle chuchota:
Le secret est dans la poésie
Sans elle nous aurions tous disparu.
Allume donc un foin d’odeur,
Me dit-elle encore.


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LE CHOEUR DE L'AUBE

ce poème est tiré du recueil 

LES AMANTS ET LA MER

publié à Tahiti le jour de la St Valentin 2014

les poèmes sont illustrés par les artistes Hina Voisin, Tehina et Vashee

il est en vente sur Amazon et les autres plateformes


LE CHOEUR DE L'AUBE

Ils ont entendu le soleil se lever,
Le chœur de l'aube.
Allons sentir la terre
dit l'amant
Allons toucher le vent
dit la femme
Cette nuit
lorsque tu me regardais,
dit l'amant,
j'ai vu les yeux de ton âme.
Je ne vois que ton cœur,
et la mer tout autour de nous,
dit la femme,
tout le temps.



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La lumière des heures du jour


Le soleil brille dans les feuillages

Le vent joue avec la lumière


Avatea roa, l’heure écrase les fare*

Les ombres des palmes de cocotiers

Se ramassent en oursins chevelus


La nuit tombe

La croix du sud monte à l’horizon

Un nuage passe devant la lune

Et d’un seul coup l’île

Appareille dans le temps et dans la nuit




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Le Peùe des Amants



toile de Miriama Bono, inspirée du poème "Le peùe des amants"



Ils dorment peut-être
On ne sait pas
Ils sont sous le tifaifai
Il fait froid
Lorsqu'ils entrent dans le bonheur d'aimer
Il fait froid
Lorsqu'ils entrent dans la douleur d'aimer
L'amant ferme les yeux
Tout bas il lui dit je le veux
Elle répond je ne veux pas
que ça s'arrête
La lune est sur la natte
dessinée par des nuages affolés
Il la serre dans ses bras
Je veux te serrer contre moi
Tout le temps
Sa tête est contre sa poitrine
Elle entend les battements de son cœur
Maintenant elle sait
La mer est dans le cœur de l'amant.

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Bain d'étoiles




Tout frémit dans la nuit qui borde le monde
Les bruissements viennent apaiser les âmes
Moment de clémence pour les mortels...


La croix du sud est là
Un objet volant la frôle,
puis disparaît dans le ciel
Le nord est derrière moi
La nuit est claire, étoilée,
L'invisible est visible
Je prends un bain d'étoiles...


La croix du sud s'est posée sur la pirogue de Io
Un sifflement a retenti du fond de la nuit
Gémissement long, esseulé et mystérieux
Tandis que s'éveillait la voix puissante de l'océan
L'univers parle
Et personne ne l'écoute...


Moment de pur bonheur et de poésie
Avec ces morceaux d'étoiles au bout de mes doigts,
Je me suis sentie près de vous








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