Histoire de mort sur Papeete
à mon ami Michel KO
Ils sont à la galerie du Musée de Tahiti
L’expo a pour thème la mort
Il a l’air d’un artiste
avec sa chemise trop grande et fripée
enfilée sur un t-shirt aux longues manches.
Elle, en robe tapa jusqu’aux chevilles
La manche glissant sur l’épaule
Une couronne de fleurs rouges au poignet
et sur les cheveux.
Elle penche la tête sur le côté,
plisse les yeux
comme pour avoir une perspective différente
de ce tableau si abstrait
de l’artiste qui signe KO.
Une œuvre peinte sur du contre-plaqué
avec des monstres de la mort
partout sur la ville de Papeete.
On ne fait plus la différence
entre eux et les humains.
Leurs yeux et leur bouche sont trop grands.
Elle les regarde,
Elle entend les êtres bleus solliciter l’artiste
et soudain elle a peur.
Elle se sent petite, toute petite,
comme la fois où elle roulait en montagne
en jeep de guerre
avec son grand-père
qui conduisait en la portant sur ses épaules
tandis qu’ils longeaient les précipices.
Je veux descendre, criait-elle.
Apprends à ne pas avoir peur, répondait-il.
Si elle glissait de ses épaules
il ne pourrait pas la rattraper, se disait-elle
Elle tomberait tout en bas du précipice.
Mort.
L’artiste a-t-il eu peur de ces monstres bleus ?
A- t’il dessiné sa peur, son cauchemar ?
Les a-t-il rencontrés lorsque, les yeux exorbités par la faim,
il mendiait dans les rues de Papeete
une misérable petite pièce de cent francs,
que personne ne voulait lui donner,
ou, lorsque désespéré, il peignait sur du carton
ramassé au fond des poubelles
juste au-dessous des aliments jetés
par ceux qui mangent sans faim ?
Furent-ils ceux qui envahissent ces nuits
où l’on rêve de poisson à la crème
et de frites ?
Et comme la petite marchande, on craque
la dernière allumette pour fumer
son dernier taho, son dernier joint
Le dernier mégot,
Le dernier rêve
La flamme s’est éteinte, il reste
les êtres bleus aux bouches
et aux yeux trop grands
grimaçant devant sa face.
Mort.
Tu as peur de la mort ?
demande l’artiste à la chemise trop grande
et fripée.
Non, répond-elle en faisant un geste dans l’air
de sa main à la couronne rouge
Mais je préfère ne pas être là
quand elle arrivera.
il ne pourrait pas la rattraper, se disait-elle
Elle tomberait tout en bas du précipice.
Mort.
L’artiste a-t-il eu peur de ces monstres bleus ?
A- t’il dessiné sa peur, son cauchemar ?
Les a-t-il rencontrés lorsque, les yeux exorbités par la faim,
il mendiait dans les rues de Papeete
une misérable petite pièce de cent francs,
que personne ne voulait lui donner,
ou, lorsque désespéré, il peignait sur du carton
ramassé au fond des poubelles
juste au-dessous des aliments jetés
par ceux qui mangent sans faim ?
Furent-ils ceux qui envahissent ces nuits
où l’on rêve de poisson à la crème
et de frites ?
Et comme la petite marchande, on craque
la dernière allumette pour fumer
son dernier taho, son dernier joint
Le dernier mégot,
Le dernier rêve
La flamme s’est éteinte, il reste
les êtres bleus aux bouches
et aux yeux trop grands
grimaçant devant sa face.
Mort.
Tu as peur de la mort ?
demande l’artiste à la chemise trop grande
et fripée.
Non, répond-elle en faisant un geste dans l’air
de sa main à la couronne rouge
Mais je préfère ne pas être là
quand elle arrivera.
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